justice ou injustice ?


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Voir aussi :
> La revue de presse
sur le rôle de l'armée.
> L'
attitude du ministre
de la défense.
> Les réactions de la
Ligue des Droits de l'Homme
.
> Un courrier ducolonel de la Mettrie, commandant du 4ème régiment de dragons.

 

Le rôle de l'armée : irresponsabilité et mépris :

« Les tares de la justice plus les tares des militaires, ça fait beaucoup...»
(Cabu, dessinateur, créateur de l'adjudant Kronembourg).

Disparus de Mourmelon - attitude de l'armée
(Extrait d'une lettre de Madame Hélène Carrera-Rubinstein à Mr et Mme Gache - octobre 1987)

Il est légitime de se demander ce qui se serait passé si la justice avait été plus prompte à mener l’enquête dans ces cinq cas, si la piste criminelle avait été prise au sérieux suffisamment tôt.

De la même manière, pourquoi l’armée a-t-elle cherché coûte que coûte à protéger son image, en refusant de voir la réalité des faits et en s’accrochant contre toute évidence à la thèse de la désertion ? Les appelés disparus ont tous été poursuivis et condamnés pour désertion. C'est par exemple pour Patrick Gache (voir le jugement [page 1] et [page 2]) et aucune de ces condamnations n'a été annulée : on a encore ici une bel exemple de l'absurdité du fonctionnement de la Justice et de son incapacité à réparer ses erreurs vis-à-vis des victimes (voir la lettre du Ministère de la justice : il faut attendre que les disparus aient atteint l'âge de 50 ans!)

Par exemple, dans le cas de la disparition de Patrice Denis, il est important de se souvenir qu’en 1985, au cours des négociations entre l’autorité militaire et l’association pour l’organisation des lancements de fusées à Mourmelon et l’accueil de plusieurs centaines de jeunes civils, les responsables militaires n’ont jamais signalé les disparitions mystérieuses (connues depuis 1980) ni recommandé de prendre des précautions pour les déplacements en auto stop.

Si tel avait été le cas, il est certain que Patrice Denis n’aurait sûrement jamais fait de stop au bord de la Nationale 44. D’ailleurs, pendant les années qui ont suivi, la même manifestation a été organisée sur place, à Mourmelon : des consignes ont été transmises à tous les jeunes participants et des navettes ont été mises en place depuis les gares (voir le document).

Disparus de Mourmelon - dessin de Cabu paru en 1988 dans le Canard Enchaîné
Dessin de Cabu paru en 1988 dans le Canard Enchaîné
Au final, tous les disparus qui étaient sous les drapeaux au moment de leur disparition ont été condamnés pour désertion à des peines de prison. Souvent leur affaires personnelles ont été renvoyées sans même une lettre d'accompagnement aux familles. Les enquêteurs, convaincus de la thèse de la désertion, n'ont pris aucune précaution en allant enquêter dans cette direction auprès des familles. Le témoignage de Gisèle Gache, soeur de Patrick Gache (disparu en 1987), est particulièrement édifiant (voir le livre : "les disparus de Mourmelon").

Cette attitude a été générale, jusqu'au plus haut niveau politique. On se souvient de la déclaration d'André Giraud, Ministre de la défense, qui déclare en 1988 : « Les disparus de Mourmelon, c'est une blague ridicule. »

Ou encore, Le "tact" du Ministre de l'intérieur Charles Pasqua en réponse à une question écrite à l'assemblée nationale (JPEG 106 KO), qui fait allusion au déséquilibre psychique des disparus et toujours aux cas de désertion (c'est bien connu, même les civils désertent!).

Le plus grave, c’est qu’il me semble que l’attitude irresponsable de certains cadres de l’armée à Mourmelon, vis-à-vis des jeunes qui leur étaient confiés, n’était pas un cas isolé (voir la page sur les disparus de Valdahon). Plus que le terme « Grande muette », c’est l’expression « Grande irresponsable » qui paraît le plus adapté pour qualifier l’attitude de l’armée dans le cas de l’affaire des disparus de Mourmelon.

Disparus de Mourmelon - dessin de Cabu paru en 1988 dans le Canard Enchaîné
Dessin de Cabu paru en 1988 dans le Canard Enchaîné
Il n’a pas été très surprenant d’apprendre par ailleurs que d’autres disparitions à Mourmelon ou à Valdahon pouvaient être imputables à la même personne mais qu’elles ont été passées sous silence. Pourquoi n'a-t-on vraiment vérifié au cours de l’enquête les cas similaires et inexpliqués au camp de Valdahon ? Combien y-a-t-il de faux déserteurs, ensevelis le long des chemins des camps militaires ?

Rien n’atteste la théorie du complot évoquée par une partie des familles de disparus et il est probable que les assassinats de Mourmelon sont le fait d’un criminel isolé.

Par contre, ce qui est difficilement contestable, c’est que dans le cas de l’institution militaire, comme dans le cas de la justice, les négligences, les erreurs d’appréciations et le manque de sens des responsabilités ont compliqué les choses, freiné le cours de l’enquête, voire contribué à ce que les disparitions soient aussi nombreuses.

Dans leurs rapports, accessoirement souvent fortement inspirés des rapports précédents de leurs collègues, tous les experts ont fait allusion à la « toute puissance » de Pierre Chanal. En fait, il vaudrait mieux parler de « l’impuissance » de la justice et de « l’inertie » de l’armée.

[revue de presse sur le rôle de l'armée] [L'attitude du ministre de la défense] [La réaction de la Ligue des Droits de l'Homme en 1988]
[Les condamnations pour désertion] [Des témoignages d'appelés de Mourmelon] [courrier du colonel de la Mettrie]


 

www.disparusdemourmelon.org