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Témoignages d'appelés de Mourmelon:
Témoignage reçu le 5 avril 2004 :
Je ne souhaite pas être défaitiste mais voila une information qui me semble
importante et qui n'a pas été évoquée lors de l'émission télévisée.
J'ai fait mon service militaire au camp de Valdahon, ce camp est un petit
camp de manoeuvre et je voyais d'autre régiments venir s'entraîner. Moi
même lors de mon service militaire nous avons fait la route en convoi entre
Valdahon et Mourmelon, pour y passer trois semaines sur le terrain : tentes,
rations de combat, nous prenions une à 2 douches par semaine quand on
allait dans le camp bâti.
Il y a donc d'autre régiments qui sont venus s'entraîner sur ces camps. Je
pense donc que d'autre personnes, dans d'autre régiments, non basés a
Mourmelon et Valdahon on pu disparaître et être considérés comme déserteurs.
J'espère que cela pourra aider d'autre familles.
Témoignage reçu le 10 avril 2004 :
Ayant été appelé au 4ème régiment de dragons en 1980, sous les ordres de Pierre Chanal, j'ai
été interrogé plusieurs fois par la gendarmerie au sujet de faits et gestes
de Chanal.
Souvent le vendredi soir, jour des perm, certains appelés n'avaient pas
leur permision signée, le temps que les transports militaire partent. Comme
par magie, après tout rentrait dans l'ordre et nous étions obligé de partir
à pied et en stop.
Chose étrange Chanal nous avait demandé d'être prudent en faisant du stop,
de monter si possible avec des personnes que l'on connaissaient.
Il a couvert aussi des sévices sexuels alors que j'avais déposé plainte au
commandement, affaire classée sans suite, mais beaucoup de représailles
pour moi ,physiquement , pisté à REIMS, matériel,ce qui a abouti encore une
fois à une plainte à la gendarmerie de Mourmelon.
Après 24 ans reste encore dans ma mémoire de lieux sur la route menant a
Reims ou j'ai aperçu son camping car garé a la lisière des bois le soir.
Voilà un petit bout seulement de l'ambiance qui régnait au 4ème régiment de dragons.
Témoignage reçu le 22 avril 2004 :
Je ne pense pas que ceci vous aidera beaucoup. Puis je ne suis pas
tranquille à dévoiler des choses si petites soient elles sur l'armée
française.
Voici les faits : j'ai fait mon service à Mourmelon. Un jour, on
m'assigne au tri des archives et je tombe sur les dossiers des disparus.
Ces documents contenaient les PV de gendarmerie, les courriers officiels
d'avocats des familles, des lettres réponses de l'armée, de quelques
lettres personnelles des parents ou proches et quelques notes à main levée
sur des sujets comme des mouvances politiques...
Par curiosité, je commence à lire les lettres, les P.V., etc.
S'inquiétant du temps assez long de mon absence aux archives, le
responsable du secrétariat (personne engagé) me surprend dans mes
lectures et m'ordonne de détruire ces documents.
Je pense que le gradé m'ayant donné cet ordre n'a peut être pas avisé ses
supérieurs de cette décision. Et je ne me voyais pas aller discuter de
ceci
avec le dirigeant de l'époque.
Mon opinion : L'armée n'a peut être pas pris conscience de la réalité des
faits et a tardé. Il faut savoir que nous traitions plusieurs dizaines de
désertions par semaine. Ces disparitions étaient au départ traitées comme des désertions. Pour la
suite, je n'en sais pas plus, tout était dans ces dossiers.
Témoignage reçu le 3 mai 2004 :
(Militaire de carrière affecté à Mourmelon en 1987)
Je suis toujours militaire, mais témoignerait anonymement. Sachez seulement que j'étais un sous-officier qui était affecté à Mourmelon dans les années 80.
Ce qui s'y passait ne me surprend pas, et j'ai connu cela. Il y avait bien des viols entre appellés organisés par certains sous-officiers et officiers,
et je ne cache pas que cela m'écoeurait, que j'avais honte, et qu’au final, j'ai demandé ma mutation au DPMAT. Je ne vous cache pas non plus que j'ai eu des menaces
de mort émanant des personnes dont je parle plus haut.
A Mourmelon, j'étais donc vu comme un "renonçant", c'est à dire, je voyais, mais je me taisais. J'écris aujourd'hui
afin d'inciter d'anciens appelés à parler, car certaines personnes ont sali l'uniforme, et qu'il est nécessaire de parler. Chanal n'est pas seul, c'est clair.
J’étais au camp de Mourmelon en 1987 quand l'appelé Gache à disparu, le carnet de permanence où figurait le nom du lieutenant qui avait retardé cet appellé a disparu
comme par magie, pour être remplacé par un autre la semaine suivante.
Il faut que les anciens appelés témoignent, il faut qu'ils oublient les menaces de mort proférées par le colonel, car aujourd'hui, on ne peut plus rien leur faire,
ils peuvent témoigner anonymement...
Témoignage reçu le 19 mai 2004 :
(Ancien appellé)
J'ai fait mon service militaire dans les années 80 à Mourmelon (je ne présiserai pas quand pour ma sécurité) et j'ai bien connu l'un des disparus.
Ce qui est raconté est vrai, il y a beaucoup de témoins directs ou indirects, et il faut préciser que pour mon cas, que quand il y a eu la disparition,
j'ai été convoqué à plusieurs reprises pour des interrogatoires de parfois plus de cinq heures (j'étais camarade de chambrée d'un disparu et affecté à l'ECS),
et c'est surtout pour la signature des procès verbaux ou documents qu'ils étaient terribles.
J'ai été menacé de mort si je parlais aux gendarmes, mais oui,
Chanal n'est pas seul et je dis la vérité. De toute façon, il me semble que comme maintenant nous avons tous la quarantaine.
Je pense que nous sommes murs et je pense que ce qui est arrivé à mon copain ainsi qu'à d'autres aurait pu m'arriver.
Je ne serais pas étonné que certains soit écoeurés de ce qui se passait dans cette caserne, et je n'ai plus peur du colonel. Si les choses bougent vraiment,
je souhaite témoigner à visage découvert.
NB : certains témoins ont souhaité que leur anonymat soit préservé. D'autres témoignages sont anonymes.
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