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La thèse de la désertion, un aveuglement entraînant des enquêtes superficielles
ou baclées :
Serge Havet disparaît le 20 février 1981. Quelques mois plus tard, le 20 août 1981, disparaît,
dans des conditions tout aussi troublantes,
Pascal Sergent. Leurs mères qui n'acceptent pas la thèse de la désertion mise en avant par les autorités militaires,
mobilisent la presse locale puis régionale.
Sous la pression des familles, les demandes d'investigations relayées par quelques journalistes parviennent jusqu'à Monsieur TOUZET,
Procureur Général de la Cour d'Appel de REIMS, lequel décide de confier, à compter du 20 avril 1982, une enquête au SRPJ de REIMS.
Ces derniers partent du postulat qu'il s'agit non pas de disparitions criminelles mais de désertion. Leur enquête
n'aura que ce seul objectif.
La synthèse du dossier d'instruction est accablante pour ces autorités d'enquête qui, dans le cadre d'investigations diligentées
par le Parquet Général
sous la forme préliminaire, ont mené à mal les familles de disparus et diligenté une enquête inqualifiable.
Le Juge d'Instruction Pascal CHAPART précisera ainsi dans
son rapport :
"Il n'est guère contestable que durant les années 1981 à 1983, la majorité des enquêteurs considéraient
que ces jeunes gens étaient des appelés
qui avaient déserté et/ou qui avaient voulu rompre avec leurs proches.
Poussée à l'extrême, la conséquence de cette position est parfaitement reflétée par l'enquête menée par le SRPJ de REIMS qui ne
concernait que Serge HAVET
et Pascal SERGENT (le cas de Pascal VASSEUR ayant rapidement été éliminé). Manifestement, les policiers de ce service n'ont
pas cherché à élucider les causes
de la disparition de ces deux jeunes appelés, ils se sont efforcés de démontrer qu'ils avaient disparu volontairement mais sans
jamais expliquer, il convient
de le souligner, quel pouvait être le mobile de leur absence. Dans cette optique et de façon très critiquable, ces
fonctionnaires de police ont pris au sérieux
toutes les rumeurs, ils ont accordé une confiance absolue aux témoignages de toutes les personnes qui après la diffusion de
leurs photographie dans la presse,
pensaient avoir croisé l'une de ces deux victimes (alors qu'il est évident que de telles allégations doivent être prises
avec beaucoup de précaution, d'autant
que le plus important témoin de ces policiers était connu pour déposer des plaintes et dénoncer de manière intempestive).
Par ailleurs, ils ont effectué des
rapprochements qui ne reposaient sur aucun élément sérieux et il suffit de lire les procès verbaux de synthèse de leurs
investigations pour constater que
celles-ci reposaient sur des renseignements tout aussi anonymes qu'inconsistants et futiles.
C'est ainsi qu'au fil de son enquête, le SRPJ de REIMS a considéré, ni plus ni moins, que Serge HAVET et Pascal SERGENT
fréquentaient ensemble, alors qu'ils
étaient activement recherchés, les débits de boissons de Chalons-en-Champagne, localité où par ailleurs, ils s'adonnaient,
impunément, à la délinquance contre
les personnes et les biens !"
En résumé, le juge lui-même affirme que les services de police, sous le contrôle du Ministère Public, n'ont pas servi la vérité
judiciaire mais, bien au contraire,
la thèse selon laquelle ces jeunes appelés du contingent ne pouvaient qu’être déserteurs.
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