Le suspect du meurtre de Muriel Reigada s'est suicidé
(Le Monde, Régis Guyotat, 10 janvier 2005)
L'avocate d'André Bouget dénonce un "dysfonctionnement" en prison.
Une information judiciaire a été ouverte, samedi 8 janvier, après le suicide, à la maison d'arrêt d'Orléans, d'André Bouget, 36 ans,
considéré comme le principal suspect dans le meurtre de Muriel Reigada, cette femme de 33 ans, dont le corps avait été retrouvé dans le jardin d'un pavillon,
à Saint-Jean-de-Braye (Loiret), le 22 décembre 2004 (Le Mondedu 9 janvier). André Bouget, propriétaire des lieux, qui avait été mis en examen pour "enlèvement,
séquestration, suivis de mort", s'était pendu la veille, dans sa cellule, avec ses draps. Il est mort quelques heures plus tard à l'hôpital de La Source.
L'enquête pour "recherche des causes de la mort" devra déterminer l'existence d'un éventuel manque de surveillance de la cellule.
Son avocate, Me Martine Verdier, a déjà dénoncé des "dysfonctionnements dans la surveillance de M. Bouget durant son incarcération". Les représentants du personnel
pointent, de leur côté, les conséquences de la surpopulation. La maison d'arrêt d'Orléans connaissait, en juin 2004, une suroccupation de "224 % dans le quartier
des hommes", qu'avait dénoncée le sénateur (PS) Jean-Pierre Sueur. "Il y a en moyenne 90 à 100 détenus par surveillant", a précisé Didier Hébert, de l'Union fédérale
autonome pénitentiaire (UFAP).
Ce suicide, même s'il n'interrompt pas la procédure judiciaire, ne va pas contribuer à éclairer une affaire riche en zones d'ombres. Une confrontation était
notamment prévue entre André Bouget et un second homme, âgé de 26 ans, également écroué, soupçonné d'avoir tenu le rôle de chauffeur lors de l'enlèvement.
C'est sur lui que repose à présent l'enquête.
Employée à l'Agence de bassin Loire-Bretagne à Orléans, Muriel Reigada avait disparu, le 3 décembre 2004, en rentrant à son domicile à La Chapelle-Saint-Mesmin
(Loiret). La porte de sa voiture avait été retrouvée ouverte, son sac sur le siège. Aucun cri n'avait été entendu, aucun signe de lutte relevé, comme si elle
connaissait ses agresseurs. Vingt jours plus tard, les policiers, qui auditionnaient ses collègues de travail, se présentaient chez André Bouget. Ils découvraient
des bijoux appartenant à la jeune femme, mais aussi des traces de terre glaise dans la maison. Le corps de Muriel était retrouvé sous 1 m 50 de terre, au fond du jardin.
André Bouget, qui avait remplacé, au cours d'une mission d'intérim, la jeune femme, lors d'un congé de maternité en 2003, avait orienté les soupçons des policiers
sur un de ses propres frères, et sur une collègue de Muriel. Mais ces deux personnes ont été mises hors de cause.
Les enquêteurs auront encore plus de mal à expliquer les circonstances de la mort de la jeune femme, qui évoquent une sorte de rituel, et surtout le mobile des
agresseurs. La victime est morte, après "une manœuvre d'étouffement". Le corps a été retrouvé nu, le crâne rasé, couché en position fœtale, mais aucune marque de
coups ni de violences sexuelles n'a été observée, a précisé le parquet.
André Bouget, chômeur et père d'une petite fille, s'était livré dans le passé à de "petites escroqueries", selon une source policière. Affichant une forte personnalité,
il n'était pas décrit comme un homme violent par son ancienne compagne. Cet acte "ne lui ressemble pas". "C'est l'autre face d'un homme, que je ne connaissais pas du
tout", a confié cette dernière à La République du Centre.
[Retour revue de presse]