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Corinne Tanay dénonce l'absence de droit des victimes

Pierre-Antoine Souchard (AP), 14 septembre 2004

Corinne Tanay, mère d'une enfant empoisonnée en 1994 avec de la Josacine au cyanure et auteur d'un rapport sur «les relations police-gendarmerie-victimes», a dénoncé mardi le sort réservé à ces dernières dans le processus judiciaire et estimé que le secrétariat d'Etat aux Droits des victimes était «une mascarade politique».

« Le secrétariat aux Droits des victimes, c'est une mascarade politique », a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse où elle a regretté que son rapport, commandé par Nicolas Sarkozy lorsqu'il était ministre de l'Intérieur, ne soit pas sorti du «tiroir» depuis sa remise en janvier 2004. Estimant que les « victimes ne réclament pas de compassion », mais qu'elles ont « besoin d'actes », Mme Tanay a demandé au gouvernement de se prononcer pour une « véritable légitimité institutionnelle et sociale en faveur des victimes » qui ne doivent pas être seulement une « bonne cause à des fins électorales ». Dans la synthèse de son rapport rendu public mardi, elle préconise l'amélioration de l'accueil, de la prise en charge et du suivi des victimes. Principal grief des personnes entendues par Corinne Tanay: le manque de communication de l'institution judiciaire à leur égard.

La mission de l'avocat est également montrée du doigt. Lien entre la justice et la partie civile, son rôle pédagogique laisse à désirer selon les victimes : peu d'explications sur les actes d'instruction, les expertises...

« La culture professionnelle n'est pas celle de la défense de la victime », a reconnu Aude Le Querré, avocate au barreau de Créteil (Val-de-Marne), lors de cette conférence de presse. L'avocat, a-t-elle expliqué, doit préparer les victimes, ou leurs familles, au parcours judiciaire qui prendra fin devant le tribunal ou la cour d'assises.

Dans son rapport, Corinne Tanay propose la création d'un observatoire chargé de recenser les associations de victimes, d'établir une stratégie de communication et de proposer une démarche d'accompagnement personnalisée et individualisée. « La démocratie des bouquets de fleurs est inacceptable », a admis Dominique Barella, président de l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire), à propos de la politique menée par le ministère de la Justice et le secrétariat d'Etat aux Droits des victimes.

Le président de l'USM, qui a rappelé le gel de 8,5% du budget de la Justice, a demandé « des actes et un budget pour les victimes ». La mère d'un jeune homme assassiné, a, sous couvert d'anonymat, dénoncé le « décalage entre ce qu'on entend dire et ce que l'on voit ». « On parle de cellule psychologique pour certaines victimes, mais pour nous, il n'y a eu personne », a-t-elle regretté.

Corinne Tanay est la mère de la petite Emilie empoisonnée en juin 1994 par du cyanure versé dans sa Josacine. Jean-Marc Deperrois, qui n'a cessé de clamer son innocence, a écopé de vingt ans de réclusion criminelle pour ce crime en 1997.

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